Qu’est ce qu’un descellement de prothèse de genou ?
La prothèse totale du genou est constituée de trois à quatre pièces : la pièce fémorale, la pièce tibiale, la pièce rotulienne (accessoire) et une pièce intermédiaire insert en polyéthylène (matière plastique) qui s’articule entre le fémur et le tibia permettant le bon coulissement de la prothèse.
Avec le temps, la pièce intermédiaire s’use et la fixation de la prothèse à l’os peut se dégrader.
La stabilité de la prothèse est assurée par les ligaments qui sont des sortes de rubans plus ou moins élastiques qui relient le fémur au tibia.
Le fonctionnement de la prothèse est assuré par l’ensemble des tendons reliant les muscles à l’os notamment l’appareil extenseur formé par le quadriceps, la rotule et le tendon rotulien.
Petit à petit, la tenue de la prothèse dans l’os se détériore. Ceci va aboutir progressivement à un descellement de la prothèse, c’est à dire à une mobilité de celle ci par rapport à l’os.
D’autres causes que l’usure naturelle comme une infection chronique de la prothèse ou un mauvais positionnement des implants peuvent être responsables de cette évolution mais avec des délais plus rapides par rapport à la date d’implantation.
Le descellement va occasionner des douleurs, une boiterie, voire une déformation du membre ainsi qu’une raideur diminuant progressivement les possibilités fonctionnelles qu’offrait la prothèse.
Pourquoi une opération ?
L’usure et descellement de la prothèse vont être de plus en plus importants, provoquant une souffrance osseuse de plus en plus importante. L’os autour de la prothèse devient de plus en plus fin avec un risque de fracture. Tous ces phénomènes sont responsables d’une gêne douloureuse croissante.
La radiographie, le scanner ou la scintigraphie osseuse vont confirmer le diagnostic. Quand celui-ci est posé, il faut changer la prothèse.
Le but de l’opération est de prévenir au plus tôt la dégradation osseuse ainsi que le soulagement de la douleur, la récupération des mobilités et la reprise normale de la marche.
Qu’est ce qu’une reprise de prothèse du genou ?
Le but de l’opération est de retirer l’ancienne prothèse, et de la remplacer par une nouvelle.
On reprend habituellement la même cicatrice utilisée pour l’implantation de la première prothèse. Un passage est réalisé par la suite à la partie interne de la rotule pour accéder à la prothèse.
➤ Après l’extraction des implants défectueux, tous les débris de l’usure sont nettoyés.
➤ De nouvelles recoupes en zone osseuse saine sont alors réalisées.
➤ L’os du fémur, du tibia et de la rotule sont préparés pour recevoir la nouvelle prothèse.
En fonction de la destruction osseuse
L’utilisation de cales métalliques fixées à la prothèse, voire une greffe osseuse peut s’avérer nécessaire pour le bon positionnement de la nouvelle prothèse.
La bonne tenue prothétique est renforcée par un ancrage supplémentaire par des tiges d’extension au sein du fémur et du tibia.
Atteinte des ligaments ou destruction osseuse massive
En présence d’une atteinte des ligaments qui assurent la stabilité de la prothèse, ou de destruction osseuse massive, l’utilisation d’une prothèse dite charnière s’impose.
La pièce fémorale et la pièce tibiale sont alors reliées pour assurer la stabilité du genou. Ceci augmente les contraintes au niveau de l’os et nécessite la mise en place de tiges longues au niveau du fémur et du tibia pour assurer la bonne tenue de la prothèse dans l’os.
Cas particulier
Dans certains cas, une section de la tubérosité tibiale antérieure où s’insère le tendon rotulien peut s’avérer nécessaire pour écarter la rotule et obtenir une bonne exposition opératoire.
Dans ce cas, elle sera refixée en fin d’intervention à l’aide de deux vis.
Infection chronique
Si le descellement est lié à une infection chronique, un délai d’environ 6 semaines est souvent nécessaire entre l’ablation de l’ancienne prothèse et la mise en place de la nouvelle.
Pendant cette période, un Spacer, c’est-à-dire une prothèse d’attente, est positionné pour laisser cicatriser et guérir l’os par les antibiotiques.
L'intervention
➤ 2 à 3 heures d'intervention en moyenne
➤ 7 jours d'hospitalisation environ
➤ Accès par les cicatrices existantes (dans la plupart des cas)
➤ Anesthésie générale ou loco-régionale (décidée avec l'anesthésie en fonction de votre état de santé)
➤ Après l’opération, un pansement stérile ainsi qu’une attelle sont mis en place
➤ Mise en place d'un traitement de la douleur, surveillé et adapté de manière très rapprochée dans la période post-opératoire
La rééducation post-opératoire et la reprise des activités
➤ Le kinésithérapeute vous lève le lendemain de l’intervention et vous aide à marcher.
➤ Des cannes sont utiles les premiers jours et sont abandonnées progressivement.
➤ La montée et la descente des escaliers se fait généralement à partir du 3ème jour.
➤ Un centre de rééducation peut être nécessaire après l’intervention.
Le but étant de réduire les douleurs initiales, de préserver la souplesse et la mobilité dans un premier temps, puis de récupérer les
muscles et les sensations au niveau du genou dans un deuxième temps.
➤ La reprise du volant est envisageable après le 30 à 45 jours.
➤ Celle du travail survient en général au 3ème mois (en fonction de votre profession, une activité de bureau pouvant être plus précoce)
➤ En cas de section de la tubérosité tibiale antérieure, l’attelle est maintenue pendant
6 semaines, ce qui retarde de quelques semaines les délais de reprise.
Risques et complications
➤ Saignements de la zone opérée ou hématome
➤ Infection de la prothèse ( rare, moins d'1%)
➤ Blessure accidentelles des nerfs
➤ Phlébite
➤ Déboitement ou luxation de la prothèse
➤ Fracture du fémur lou du tibia lors de
l’intervention
Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive.
Résultats attendus
Les résultats de cette technique sont très encourageants puisqu’on retrouve une disparition des douleurs ainsi qu’une récupération de la mobilité et de la force musculaire.
La marche normale sans aucune boiterie est obtenue généralement pendant le troisième mois.
Précautions à suivre...
Même si beaucoup de patients oublient qu’ils portent une prothèse, il est tout de même préférable d’éviter les travaux de force et les sports violents. Ces activités peuvent augmenter l’usure et diminuer la durée de vie de la prothèse malgré l’utilisation de nouveaux matériaux plus résistants.
Le vélo, la natation, le golf ou la randonnée sont possibles voire conseillées alors que la prudence s’impose pour le ski, le tennis et le footing.
Je vous donnerai toutes les explications complémentaires souhaitées et je suis à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier ainsi que
les avantages, les inconvénients et les risques et bénéfices inhérents à chaque type d’intervention.